Quand la musique d’Alors on danse, de Stromae, retentit dans l’immense stade du centre d’éducation physique et des sports de l’université de Montréal (UdeM), au pied du mont Royal, le poumon vert de la ville, quelques milliers d’étudiants se lèvent comme un seul homme et lancent des avions de papier bleus et blancs, les couleurs de la faculté. Dans les gradins, quelques-uns prennent des selfies qu’ils pourront envoyer à leurs parents.
Pour accueillir les quelque 12 000 nouveaux étudiants inscrits en cette rentrée, la plus importante université francophone du Canada a organisé un véritable show, ce 29 août : distribution de pop-corn à volonté, démonstration de l’équipe-maison de cheerleading (un mélange de pom-pom girls et d’impressionnantes figures acrobatiques) et défilé sur scène des étudiants de deuxième ou troisième année nommés « ambassadeurs » venus témoigner que l’UdeM est « devenue [leur] nouvelle maison », insister sur la nécessité de se « relaxer pour profiter de ses plus belles années » ou encore s’engager « à être toujours présent » pour les petits nouveaux, « afin de faciliter leur intégration ».
Cette promesse est avant tout destinée aux nouveaux étudiants internationaux. Sur les 40 000 étudiants que compte l’UdeM, un sur quatre vient de l’étranger. Les Français représentent le contingent le plus important : en cette rentrée, ils sont 3 400 à suivre l’un des quelque 600 programmes d’études dispensés. Des effectifs en constante augmentation.
Un « environnement bienveillant »
Rayan Hermassi, 18 ans, a posé ses valises au Québec le 1er août. Diplômé d’un bac scientifique obtenu dans un lycée de La Celle-Saint-Cloud (Yvelines), le jeune homme raconte avec un débit de mitraillette qu’il rêve de devenir diplomate. Mais, dès sa rentrée en terminale en 2022, il était rongé par l’angoisse. « J’avais des amis un peu plus âgés que moi qui avaient des superdossiers et qui n’étaient pris nulle part en septembre. Je n’ai plus eu qu’une idée en tête, échapper aux bugs de Parcoursup. » Il a passé le concours de Sciences Po Paris, a échoué, mais sans stress : entre-temps, il avait découvert, dans l’un des salons étudiants visités à l’automne, le stand de l’UdeM.
Dès janvier, il recevait, après étude de son dossier scolaire, la confirmation de son inscription en licence (appelée « baccalauréat » au Canada) de relations internationales. Cette expatriation, a priori prévue pour durer trois ans, exige de Rayan un lourd sacrifice financier : il a dû contracter un prêt bancaire de 40 000 dollars canadiens (soit 27 000 euros) afin d’assumer les frais de scolarité exigés, 9 600 dollars canadiens pour l’année (6 500 euros). Cet argent lui a également permis d’acheter boots et doudoune et de louer un petit appartement à proximité de l’université, « difficile à trouver et très cher, mais lumineux ». « On m’a prévenu que l’hiver était dur, alors pas question de commencer par un burn-out », raconte l’étudiant précautionneux.
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