Pour la forêt amazonienne aussi, le retour de Luiz Inacio Lula da Silva est une bonne nouvelle. La réunion des huit pays membres de l’Organisation du traité de coopération amazonienne (OTCA) qui s’est tenue mardi 8 et mercredi 9 août à Belem, non loin du delta du fleuve Amazone, marque le retour de l’ambition du Brésil de jouer un rôle de leader dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la biodiversité.
Depuis cinquante ans, la déforestation a déjà fait disparaître 17 % de la forêt amazonienne, dont 60 % se trouvent au Brésil. Sa poursuite menacerait de transformer cette immense « éponge à carbone » en émetteur net de gaz à effet de serre, déclenchant de désastreux effets en chaîne.
En sept mois à la présidence, et en dépit d’un budget de l’environnement voté sous son prédécesseur, Lula a déjà inversé la tendance en réduisant la déforestation qui s’était gravement accélérée pendant le mandat de Jair Bolsonaro. En réactivant l’inconsistante OTCA pour faire avancer l’idée d’une responsabilité partagée des pays d’Amérique latine où se déploie la forêt amazonienne, en associant d’autres Etats, comme la France (concernée avec la Guyane), les deux Congos et l’Ininterdonésie (qui comprennent une forêt tropicale), et les bailleurs de fonds que sont l’Allemagne et la Norvège, le président brésilien a déclenché une mobilisation d’acteurs étatiques et d’organisations non gouvernementales rarement vue dans la région depuis le sommet historique de Rio en 1992.
Certes, le sommet de Belem n’a accouché que d’une déclaration dressant une liste de bonnes intentions sans engagement précis. Les Etats sont loin de partager le même modèle d’action, comme la montré le différend public entre Lula et son homologue colombien, Gustavo Petro, à propos du pétrole. Tandis que ce dernier a appelé à cesser toute exploration pétrolière dans la forêt amazonienne, le président du Brésil, dont la compagnie pétrolière publique, Petrobras, a un immense projet dans l’embouchure de l’Amazone, s’est bien gardé de s’engager en la matière. La « déclaration de Belem » ne reprend pas non plus l’engagement, non consensuel, à stopper toute déforestation d’ici à 2030.
Signal net
A côté de l’encourageant message de mobilisation conjointe des pays de la région et de reconnaissance de l’importance pour la planète de la préservation de l’Amazonie, Lula adresse, avec la réunion de Belem, un signal net à l’Union européenne, qui souhaitait ajouter une clause contraignante sur l’environnement au traité de libre-échange avec le Mercosur en attente de ratification. Le chef de l’Etat brésilien, qui, en juin à Paris, a manifesté devant Emmanuel Macron sa pugnacité pour dénoncer les responsabilités environnementales des vieux pays industriels, signifie aux Européens qu’il n’a pas besoin d’eux pour progresser sur la question.
Même si ce net recentrage de Lula sur l’environnement est aussi destiné à faire oublier l’échec diplomatique de sa tentative de médiation sur l’Ukraine et à mobiliser ses partisans sur un sujet populaire, sa volonté d’apparaître en chef de file d’une transition verte à travers une nouvelle politique régionale pour préserver la forêt tropicale ne peut qu’être saluée. Urgente, mais incertaine, la concrétisation de cette ambition devrait se mesurer rapidement. En tout cas, d’ici à la conférence des Nations unies sur le climat COP30 de 2025, qui doit se tenir précisément dans la ville de Belem.