
Le romantisme portugais s’est fracassé sur le réalisme gallois. Samedi 16 septembre, au Stade de Nice, les Dragons rouges ont battu les « Loups » (Os Obos) 28 à 8. Les hommes du sélectionneur néo-zélandais Warren Gatland ont pourtant souffert face à la 16e nation mondiale. Ils ont dû attendre la dernière minute pour marquer un quatrième essai, synonyme de bonus offensif. Un résultat qui les place cependant dans une position idéale dans un groupe B relevé, qui comprend aussi l’Australie, les Fidji et la Géorgie.
Face à un XV du poireau plus expérimenté et supérieur dans les phases de conquête (mêlée, touche), les Portugais étaient condamnés à jouer vite et à écarter les ballons vers les ailes. Un rugby à haut risque, conforme à la philosophie de leur sélectionneur Patrice Lagisquet, ancien ailier de l’équipe de France, surnommé en son temps « le TGV bayonnais ».
L’équipe portugaise avait d’ailleurs un parfum très français, près de la moitié de l’effectif lusitanien évolue dans l’Hexagone, principalement en Pro D2.
Le rugby de mouvement du XV portugais n’a pas payé, mais il a enchanté un Stade de Nice presque plein (35 000 places) et doublement paré de rouge pour l’occasion. Si les Gallois ont joué exceptionnellement en jaune et noir et les Portugais en blanc (avec un short vert), les supporteurs des deux camps étaient, en effet, tout de rouge vêtus.
Pour cette rencontre, le sélectionneur néo-zélandais des Dragons rouges, Warren Gatland, avait procédé à treize changements par rapport à l’équipe victorieuse des Fidji, dimanche à Bordeaux. Mais comme les Français contre l’Uruguay jeudi, l’équipe B galloise a manqué d’automatismes.
« Ça n’a pas été beau, mais le contrat est rempli, avec dix points sur nos deux premiers matches, a déclaré M. Gatland en conférence de presse après le match. On avait fait beaucoup de changements. Quelques gars étaient un peu rouillés. Le Portugal nous a mis sous pression, il faut le reconnaître. Ils ont bien fait circuler le ballon et m’ont impressionné. »
Les Lusitaniens n’ont, en effet, aucun regret à avoir. Cueillis à froid à la 9e minute par un essai opportuniste de l’ailier Louis Rees-Zammit, seul « rescapé » avec le troisième ligne centre Tangaki Taulupe du XV de départ qui a affronté les Fidji, les Portugais se sont vite ressaisis pour livrer une première période pleine de courage et d’audace, au cours de laquelle ils auraient pu marquer à plusieurs reprises.
Puissance du pack gallois
Parfois pris de vitesse, les hommes de Warren Gatland se sont reposés sur la puissance de leur pack. Juste avant la pause, le capitaine et talonneur Dewi Lake a marqué en force le deuxième essai du match, ce qui a permis à son équipe de regagner le vestiaire avec 11 points d’avance (14-3).
Après leur débauche d’énergie de la première période, les loups allaient-ils tenir ? Au retour des vestiaires, le match repartait sur un tempo plus lent et certains joueurs lusitaniens commençaient à avoir des crampes. Titulaire seulement pour la cinquième fois, la charnière galloise Gareth Anscombe-Tomos Williams s’est parfois cherchée, ce qui a donné un jeu brouillon.
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Après une série de percussions, le capitaine Jack Morgan a cependant marqué en force à la 56e minute. Le sort du match était scellé. Mais les Lusitaniens ont montré qu’ils avaient du cœur. A la 63e minute, le flanker Nicolas Martins marquait un essai plein de malice à la suite d’une belle combinaison en touche.
Le carton jaune – transformé en rouge à la fin du match – reçu par Vincent Pinto quelques minutes plus tard pour jeu dangereux a quelque peu terni le bilan des Loups. Les Gallois en profitaient alors pour marquer, à la dernière minute du match, un quatrième essai par leur troisième ligne Taulupe Faletau.
Le score final (28-8) est sévère pour les hommes de Patrice Lagisquet, qui n’ont jamais démérité. « Il y a de la fierté bien sûr, même si je savais qu’ils ne seraient pas décevants à ce niveau-là, a déclaré Patrice Lagisquet à l’issue de la rencontre. Il y a aussi de la frustration car notre équipe n’a pas donné son plein rendement. On espérait être capables d’être un peu plus près. »
Le Portugal va désormais défier, au Stadium de Toulouse le 23 septembre, la Géorgie. Une nation plus habituée au haut niveau international, même si à Tbilissi, lors du Tournoi des six nations B en 2022, les deux équipes avaient fait match nul (25-25).
« Nous avons prouvé que le Portugal peut exister au plus haut niveau international, a estimé le flanker Samuel Pinto, auteur de l’essai portugais. Nous allons maintenant nous concentrer sur la Géorgie, une équipe très physique que nous connaissons bien, avec un pack très physique, comme les Gallois. »
Au vu du match contre le Pays de Galles, les Lusitaniens ont désormais quelques certitudes qui leur permettent de croire dans une première victoire en Coupe du monde. Un résultat qui validerait le travail accompli par Patrice Lagisquet et soin staff depuis quatre ans.
Avec deux succès en deux matches, le Pays de Galles se hisse, lui, provisoirement en tête du groupe C avant le choc dimanche à Saint-Etienne entre l’Australie et les Fidji. Les Gallois ont ensuite rendez-vous avec les Wallabies le 24 septembre à Lyon. Ce match entre deux anciennes gloires du rugby mondial s’annonce comme le choc du groupe B.
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