Le 1 500 m est une discipline où Jakob Ingebrigtsen écrase la concurrence à l’année, mais où un Britannique finit forcément par lui passer sous le nez. Le Norvégien, ultra-favori des Mondiaux de Budapest, avait pourtant pris les commandes d’entrée de jeu, mercredi 23 août, accélérant progressivement le rythme de la course conformément à sa tactique habituelle. Mais le champion olympique de Tokyo en 2021 a calé au sortir du dernier virage face au Britannique Josh Kerr. Le médaillé de bronze olympique de 2021 a réalisé une dernière ligne droite supersonique, pour s’offrir, à 25 ans, son premier titre mondial (3 min 29 s 38).
Un scénario qui rappelle celui des Mondiaux d’Eugene (Oregon) aux Etats-Unis, en 2022. Le Norvégien, déjà favori, avait échoué dans sa quête de titre en terminant derrière le Britannique Jake Wightman, forfait cette année en Hongrie pour cause de blessure. En l’absence de son compatriote, le natif d’Edimbourg (Ecosse) s’est chargé de rapporter la médaille d’or outre-manche, privant une nouvelle fois Ingebrigtsen du seul titre qui manque à son palmarès. « J’ai jeté toutes mes forces dans les 200 derniers mètres, en pensant à mes seize années dans ce sport, et je n’ai pas abandonné jusqu’à la fin » a expliqué Josh Kerr, très ému après sa course.
Ingebrigtsen quitte la piste tête baissée
Alors que Jakob Ingebrigtsen semblait intouchable, se permettant de haranguer la foule en pleine course lors des demi-finales du 1 500 m, le Norvégien a finalement perdu pied en finale. En souffrance en fin de course, ce dernier a même failli se faire doubler par son compatriote Narve Gilje Nordås qui termine trois centièmes derrière lui, en 3 min 29 s 65. Un crime de lèse-majesté, alors que le jeune homme de 24 ans est entraîné par le père d’Ingebrigtsen, Gjert, avec qui les rapports sont désormais très tendus. Complètement sonné, le champion olympique a immédiatement quitté la piste, tête baissée, sans prendre le temps de réaliser le traditionnel tour d’honneur avec les autres médaillés.
Le Norvégien aurait-il péché par excès de confiance ? Celui qui avait déjà été immensément déçu en 2022, répétant à l’envi avoir été « le meilleur athlète de la finale », devra surmonter sa frustration pour se remobiliser sur 5 000 m, distance sur laquelle il est tenant du titre. Plus encore, en faisant la chasse aux records (2 miles, record d’Europe du 1 500 m), le Norvégien y aurait-il laissé des plumes ? « J’essaye toujours de courir le plus vite que je peux. J’ai aussi envie de réaliser le doublé à Budapest et je pense que c’est compatible », assurait, au Monde, le champion d’Europe lors du meeting de Charléty (Paris). Ce ne sera pas pour cette fois-ci.
Le Français Azeddine Habz, longtemps placé en cinquième position, a lui craqué dans le dernier virage et achevé sa finale au 11e rang (3 min 33 s 14). « Je suis rapide sur 800 mètres mais il faudra encore travailler pour être au rendez-vous l’année prochaine à Paris, notamment le foncier », assurait l’intéressé au micro de France Télévisions. La dernière médaille mondiale française dans cette épreuve remonte à 2003, lorsque Mehdi Baala avait décroché l’argent au Stade de France. Pour la Grande-Bretagne, la passation de pouvoir aura été bien plus rapide : à peine plus d’un an, preuve d’une densité unique dans la discipline.
La fédération britannique, bien qu’en plein marasme économique, confirme ainsi son excellente moisson, après cinq jours de compétition, à un an des Jeux de Paris. Après le titre de Katarina Johnson-Thompson en heptathlon, la médaille d’argent du relais 4 x 400 m mixte, et la médaille de bronze de Zharnel Hughes sur 100 m, le demi-fond a répondu présent.