Après la large victoire de leur équipe, samedi 9 septembre, contre l’Argentine, les supporteurs anglais n’avaient qu’un nom à la bouche, celui de l’ouvreur du XV de la Rose, George Ford, un sacré buteur, il faut dire. « God Save George Ford ! » hurlaient, bière à la main, les plus euphoriques d’entre eux rassemblés autour du Stade-Vélodrome de Marseille où la rencontre nocturne venait d’avoir lieu. Avec son pied magique, le numéro 10 anglais, élevé au rang d’idole, a inscrit la totalité des 27 points de sa sélection, laissant loin derrière les Pumas argentins qui n’en ont marqué que 10.
Tout s’est donc joué au pied et, au rugby, où on aime plutôt se régaler de passes sautées et de belles attaques lancées des lignes arrières, forcément cela fait tout drôle. Mais n’était-ce pas la meilleure stratégie à adopter pour s’assurer de la victoire ? Car tout avait mal commencé pour l’équipe anglaise réduite à 14 contre 15 dès le début du match après l’exclusion du troisième-ligne Tom Curry coupable d’un plaquage jugé dangereux sur l’arrière argentin Juan Cruz Mallia. Des grondements ont alors retenti dans le stade de Marseille, comme pour rappeler que les Anglais traînaient désormais la sale réputation de collectionneurs de cartons rouges. Cet été, deux autres joueurs avaient déjà été sanctionnés pour de mauvais gestes : l’ouvreur et capitaine Owen Farrell ainsi que le troisième-ligne centre Billy Vunipola.
La sortie de Tom Curry aurait pu déstabiliser une équipe sous pression depuis plusieurs mois largement ponctués de défaites humiliantes, face à la France, le 11 mars, lors du Tournoi des six nations (10-53), ou face aux Fidji le 26 août (22-30). La presse britannique n’évoquait-elle pas il y a encore quelques jours le futur « naufrage » du rugby anglais ? L’équipe à la rose ne pouvait vraiment pas se permettre de rater son entrée dans la compétition et perdre ce premier match qui l’opposait à l’autre favori du groupe D de la coupe du monde de rugby. Etre battu ? C’était la honte assurée. Gagner ? C’était se donner une nouvelle chance, voire un chemin possible pour rejoindre le clan des meilleurs.
La révolte des 14 a bien été lancée par George Ford qui a électrisé ses coéquipiers en passant un drop de plus de 40 mètres, à la trentième minute de jeu. Un drop ? Oui, un drop comme au bon vieux temps de Jonny Wilkinson, l’ancien numéro 10 anglais, 44 ans aujourd’hui, qui a dû en frémir de plaisir s’il regardait le match devant son écran de télévision. Deux autres drop-goals suivirent avant la fin de la première mi-temps, de quoi étourdir l’Argentine pourtant en supériorité numérique. Les Anglais furent d’ailleurs les premiers à revenir sur la pelouse du Vélodrome afin d’entamer les 40 dernières minutes de jeu, un indice qui ne trompe pas.
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